top of page

Pas de résolutions, mais de la gratitude.

Une chose est certaine en ce 2 janvier 2022 , date à laquelle je me décide à reprendre ma plume numérique, c’est que je suis heureux d’être en vie. Très. Quel rodéo avons-nous traversé ces deux dernières années! Ouf! Poussant cette onomatopée de soulagement, je ne sais même pas si c’est de l’audace, de l’optimisme proactif ou la folie qui me permet de le faire. Car nous ne sommes pas encore sortis d’affaire. Nous avons toujours ce virus, ce petit être nuisible et mortel qui est parmi nous depuis maintenant deux années et qui ne cesse ne nous prouver que c’est lui qui fait la loi et que nous devons suivre sa cadence, et danser au rythme de sa musique. Vous ne me croyez pas? Ok. Combien y a t-il eu de variants depuis le début de la pandémie? Pouvez-vous me donner le nombre de décès par pays, ou simplement dans le pays qui est le vôtre? Combien avons-nous pris de doses de vaccins, et je ne parle même pas de celles à venir? Combien avons-nous eu de couvre-feux, de limitation de nos mouvements et j’en passe? Vous conviendrez donc avec moi que c’est lui qui fait la loi, et on s’adapte. Ma soeur me disait récemment, « l’Homme propose, Covid dispose ». Vous savez bien de quoi elle s’est inspirée. Même si c’est drôle et triste à la fois, cela n’en est pas moins vrai.



J’ai malheureusement au cours des deux dernières années, connu des pertes humaines liées à ce virus. Des membres de ma famille, des amis de la famille, des amis qui ont perdu leurs cousins, oncles ou parents, mais j’ai également des collègues qui en sont morts. Si j’avoue être moins paniqué à l’idée de ce virus aujourd’hui (et cela est j’en suis sûr dû à la vaccination mais aussi à un état de fatigue morale et d’abandon car, il est lourd de ne vivre qu’au rythme de la pandémie), j’ai connu une longue période pendant laquelle j’étais mortifié.


Lors du premier confinement, j’étais seul chez moi au Nigéria. J’en ai il me semble déjà parlé dans un précédent article. Le but n’est pas de revenir sur l’ensemble de cette expérience, mais de souligner qu’à ce moment-là, au vu du climat de peur qui avait envahi la terre entière, j’étais loin d’être tranquille, seul sur une terre qui n’était pas la mienne, avec une maladie dont on ne connaissait rien. Ensuite les morts, proches et lointaines ont suivi. Quand j’ai pu rejoindre ma famille, pendant des mois je leur imposais des règles strictes en ce qui me concernait. Personne, pas même ma mère n’avait le droit d’être trop près de moi. Je lavais et relavais tout, tout le temps, incluant mes mains, surtout mes mains. Bref, je vous passe les détails, mais je n’étais pas bien.


Nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une nouvelle année et je vais mieux. Je pense que nous allons collectivement mieux, en tout cas, nous avons décidé qu’il en serait ainsi. Et ce n’est pas plus mal car, vivre dans la peur constante, c’est mourir éveillé.


Assez parlé de ce satané malfaisant. Nous voici donc en 2022. Qu’avez-vous décidé de faire? Qu’avez vous décidé d’être ou de devenir? Avez-vous pris des résolutions? Moi pas. Je n’en prends jamais. Je ne me souviens pas pour être honnête, en avoir jamais pris dans ma vie. Et si cela a été le cas un jour, je suis persuadé de ne les avoir pas tenues, raison pour laquelle je ne me prête pas à cet exercice.


J’évite soigneusement les phrases banales telles que « nouvelle année, nouveau moi » car, cela ne veut absolument rien dire à mes yeux. Si on était une mauvaise personne le 31 décembre, on ne devient pas un être empli de bonté le 1er janvier. Cela n’a aucun sens. Je ne dis pas qu’on ne peut pas d’améliorer, loin de là. Mais on ne change radicalement pas qui on est sur la base d’une date. Non, non et non. Il en va de même pour tous les aspects qui font de nous des êtres humains qui vivent et respirent, qui sont faits de bons et de moins bons éléments, de doutes et de certitudes, d’envies et de besoins, de souhaits et de désirs.


Ce que je dis n’est pas la science infuse ni une assertion atemporelle. Je sais ce qui s’applique à moi, même si j’ai l’audace et la prétention de dire que nombreux d’entre vous sont comme moi et que je suis comme vous. Alors, je m’efforce au fil du temps, de vivre mes émotions, d’abord. J’ai toujours été près de mes émotions, d’aussi loin que je me souvienne. Je ne sais cacher ni ma joie, ni ma tristesse, encore moins ma colère (que j’évite soigneusement de toucher néanmoins). Plus je vieillis, plus je suis content d’avoir toujours été ce petit garçon qui pousse des cris de joie sans faire exprès, qui danse dès qu’il en a l’occasion, qui mange, boit du bon vin quand il peut et qui est devenu aujourd’hui un féru de champagne. Je suis content de voir que le petit garçon qui a toujours été émerveillé sans le savoir par la beauté des petites choses, a gardé cela en lui (je m’arrête encore dans la rue à la vue de jolies fleurs, je prends sur mes doigts des coccinelles dès que j’en ai l’occasion, j’évite d’écraser des mille-pattes qui n’embêtent personne, etc…). Je suis content de voir que je n’ai pas cessé d’être outré par les injustices, quelles qu’elles soient, et ce depuis que je suis un enfant. Je suis content de savoir que malgré la possibilité de devenir hermétique à la souffrance des autres car celle-ci ne s’arrête jamais, je n’ai pas cédé à ce qui aurait pu faire de moi un être impassible et froid. Je suis content d’être content pour les autres, pour mes amis surtout, qui réussissent ce qu’ils entreprennent. Ceux et celles-là qui deviennent les meilleures versions de leur être. Je le dis car il est facile de sombrer non dans l’envie qui vous booste et vous force à vouloir mieux pour vous-même, mais dans la jalousie, qui devient destructrice, qui vous ronge de l’intérieur et installe confortablement dans votre esprit cette voix malsaine qui vous répète à l’envi que vos amis ne sont pas mieux que vous, que ce qu’ils ont devrait être vôtre, car pourquoi eux et pas vous? Je prie fortement pour ne jamais sombrer là-dedans et vous devriez faire de même, car ce qui vous est destiné, trouvera toujours votre chemin, pour peu que vous y croyiez et que vous mettiez en marche les actions nécessaires pour y parvenir.


Alors, non, pas de « nouvelle année, nouveau moi ». Pas de résolution non plus. Mais de la gratitude. Plein de gratitude. Si je commence à citer les raisons pour lesquelles je suis reconnaissant, nous n’en finirions pas. Mais quelques-unes d’une importance capitale quand même: la santé que je maintiens, malgré les challenges que les années nous apportent. La joie de vivre qui demeure. Ma famille. Et pour finir, l’amour que je me porte, que je n’avais pas toujours, mais avec lequel j’ai appris à me connecter. Rien n’est plus important que cela à mes yeux. Je me souviens de cet ami d’enfance qui il y a quelques années m’a dit: « Cédric, tu es heureux maintenant et ça se sent, ça se voit. Je suis content pour toi car tu le mérites ». Vous voyez, ce sont des petits riens, des petites phrases comme celle-ci, que les gens vous disent en passant, phrases qu’ils oublient, mais qui vous marquent positivement pour toujours. Je me suis dit ce jour que j’étais devenu heureux sans m’en rendre compte. Mais que cette joie interne que je portais, les autres autour de moi la voyaient et la ressentaient. Et cela vaut quelque chose d’inestimable. Cela veut aussi dire que je suis sur le bon chemin. Et je vous le souhaite à tous et à toutes. Je ne vous demande pas de ne pas prendre de résolutions, je n’en ai pas le pouvoir. Mais je vous invite à savoir qui vous êtes, la petite fille ou le petit garçon qui est en vous, à savoir ce que vous voulez, pour vous et pas pour les autres, et à être reconnaissants autant que possible des bienfaits qui sont les vôtres.



Crédits photo: @parade.com

97 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
Post: Blog2_Post
bottom of page