L'Afrique a eu au moins deux mois d'avance sur le reste du monde. Nos dirigeants ont eu deux mois d'avance minimum, soit 60 jours pour agir. Pour une fois, on a eu l'avantage de se prémunir, de s'armer et d'agir de manière proactive et non en pompiers après le feu. Mais nos dirigeants par leur laxisme et leur désintérêt pour le bien de leur peuple, qui ne sont plus à démontrer, ont attendu la mi-Mars voire fin Mars afin de commencer à poser des actes concrets. Fermeture tardive des frontières (on sait tous ce qui se serait passé si tout avait commencé en Afrique, on en serait à parler d'épidémie et non de pandémie, tant tout aurait été fait pour contenir le virus en Afrique), ordre tardif de fermeture des commerces non essentiels, ridicules couvre-feux (comme si le virus choisit ses heures d'attaque) etc...
A cela se rajoutent le manque cruel de centres de tests et la quantité nécessaire de kits, de personnel soignant, surtout formé à réagir à une attaque de la sorte, de moyens financiers, logistiques pour le système de santé... Mais pourquoi je m'étonne même?
Ce sont les mêmes qui depuis des décennies, dans plusieurs pays d'Afrique sub-Saharienne, volent, détournent, détruisent. Ce sont les mêmes qui ne construisent pas de nouveaux hôpitaux, qui n'entretiennent pas ceux qui existent, qui ne leur donnent aucun moyen, qui ne payent pas les médecins et infirmiers, qui les laissent à la merci d'un système complètement broyé. Ce sont les mêmes qui depuis des décennies n’ont pas construit de nouvelles écoles, qui ne payent pas les professeurs ou leur donnent une misère en guise de gagne-pain. Ce sont les mêmes qui payent pour que leurs enfants et ceux de leur entourage, entrent de manière frauduleuse, honteuse et sans vergogne dans les institutions publiques, deviennent administrateurs civils et tiennent des hautes fonctions qu’ils ne sont même pas capables de comprendre. Ce serait moins triste si encore ces mêmes ne payaient pas aussi pour que leurs enfants soient admis dans les facultés de médecine. Créer et recréer des incapables, perpétuer non la médiocrité car ce serait trop bien déjà, mais la nullité, c’est cela leur force. Ce sont les mêmes qui n’ont construit aucune route viable depuis des décennies et qui laissent celles dont ils ont héritées, décrépir et être à leur propre image. Ce sont les mêmes qui n’honorent pas leurs engagements, ne payent pas les services de ramassage des ordures et laissent les villes devenir des poubelles à ciel ouvert, entrainant avec elles un lot de mouches, d’asticots, d’odeurs effrayantes à croire que les villes sont jonchées de cadavres. Ce sont les mêmes qui ne fournissent pas un accès stable à l’électricité à leurs citoyens, qui les laissent dormir durant des jours et nuits innombrables sans électricité, à la merci d’une chaleur insupportable et au grand bonheur des moustiques. Au moins ces derniers sont satisfaits. Du sang à profusion et la possibilité d’infecter des milliers de personnes chaque nuit qui une fois atteintes de malaria, devront encore faire face à un système hospitalier et médical dans le coma. Ce sont les mêmes qui sont incapables de fournir un accès à l’eau potable à leur peuple…l’eau…l’eau…en 2020. Dans des villes. Des capitales. Elle reste introuvable, rare et précieuse. On la voit et on s’en réjouit. On ne dort qu’à peine dans la nuit car il faut rester en alerte afin d’entendre l’écoulement des premières gouttes annonçant son passage furtif. Il faut donc courir et remplir bouteilles, casseroles et marmites, seaux, futs… Si on est assez chanceux pour pouvoir en remplir un. Ce sont les mêmes qui font subir tout cela à leurs peuples et plus encore. Alors pourquoi je m’étonne de leur laxisme et de leur action qui ferait concurrence au plus lent des escargots profitant d’un mur humide après une longue pluie? Pourquoi je m’étonne? Comme on dit chez certains: ce n’est pas eux, c’est moi. En effet c’est moi qui attend d’eux alors qu’eux-mêmes n’attendent rien de leur inaction.
L’Afrique a eu deux mois. Deux longs mois pour se préparer à une riposte. Pour s’armer. Apprendre de ce qui a été fait ailleurs, ne pas faire les mêmes erreurs que l’Europe ou l’Amérique où les morts se comptent par milliers, en quelques semaines à peine. Nos frontières viennent d’être fermées. Les commerces non essentiels aussi. Mais pas dans tous les pays. Certains tardent. Pourquoi? On ne sait pas et cela est totalement inexplicable et je refuse d’y trouver une réponse logique. Deux mois pour sauver le maximum de vies en prévenant et en empêchant ce fichu virus de se répandre. Deux mois à ne quasi rien faire que des annonces vides qui n’engagent finalement que ceux qui y croient. Nous, le peuple. Parce que dans un élan de naïveté on veut encore croire qu’il est possible d’être sauvés par ces gens qui nous gouvernent, qui sont censés agir en père de famille, en mère protectrice. Quel parent ne voudrait pas le bonheur, de son enfant? Qu’il soit en sécurité? Qu’il ne craigne rien et voie en ses parents ces dieux protecteurs qui érigeront toutes les armures possibles pour les protéger? J’en ai les larmes aux yeux en écrivant ces lignes car je pense au plus profond de moi que l’on n'est qu’au début de ce qui va nous arriver. Que nous sommes malheureusement en retard sur l’Amérique et l’Europe. Que nous n’échapperons pas à ce qui leur arrive. Que nous allons perdre des vies, inutilement. Très inutilement. Préparons-nous à perdre des proches. Préparons-nous. Ceux qui l’ont vécu ailleurs ne sont pas moins bénis que nous. J’espère paradoxalement aussi me tromper. Que mes prévisions soient totalement fausses. Mais je me documente tous les jours, j’écoute les experts, je vois les chiffres, ce qui est fait, n’est pas testé, ce qui peut être essayé… Et je me dis que malheureusement notre tour arrive.
Soyons forts et soudés pendant cette période. Je le dis et redis, et ne suis pas le seul à le faire, la solidarité et le bon sens pourront constituer notre salut. Respectons du mieux que nous pouvons les règles d’hygiène. Limitons nos déplacements. Soyons attentifs à notre corps, aux signes qu’il envoie. Protégeons nos frères, soeurs, pères et mères qui sont à risque. Ceux dont l’âge avancé fragilise leur système immunitaire. Ceux de tout âge qui atteints de VIH, de tuberculose, de pneumonie et autres maladies qui les fragilisent, ne partent pas dans ce combat avec les mêmes armes que les autres. Si un de nous se protège, il protège les autres. Restons unis et espérons que tout aille pour le mieux.