Homophobes à tout prix... Mais à quel prix?
- Cédric B.
- 21 juin 2021
- 13 min de lecture

Voilà! Il fallait que j'en parle. J'avoue que ces dernières semaines voire, ces derniers mois, j'ai à plusieurs reprises voulu plancher sur le sujet, et dire ce que je pense. Ce n'était pas de la couardise ou de la paresse, loin de là, je ne savais juste pas mettre les mots sur ma colère et en quelque sorte mon désarroi. Comment parler lorsqu'on ne réfléchit pas clairement ou du moins, quand on n'est pas en pleine possession de ses capacités car aveuglé par une sourde colère? Je ne sais pas. Ce que je pense savoir et que j'essaie de m'appliquer à faire (et ce n'est pas facile croyez-moi), c'est de savoir laisser passer certaines choses, qui me choquent, m'énervent ou m'exaspèrent simplement. J'ai appris à lire des commentaires sur les réseaux sociaux avec lesquels j'étais en total désaccord, et à les traverser, comme, dit-on chez nous, "un taxi plein". J'essaie donc du mieux que je peux - et je le répète, ce n'est pas facile pour quelqu'un qui a rarement sa langue dans sa poche - de faire fi de ce que je considère être de la bêtise, de l'ignorance crasse ou simplement de la méchanceté gratuite. Cela vaut pour ce sujet comme pour tous les autres. Je n'ai pas le temps de les citer ici. Mais vous voyez ce que je veux dire.
Alors. On est en 2021. 20*******21. On a l'accès à l'information, plus que jamais. Attendez! En disant ça, je me rends compte qu'on a aussi accès (plus que jamais) à la désinformation. Mais ceci est un autre sujet que certaines personnes savent mieux traiter que moi. Je disais donc qu'en plein dans le 21e siècle, le sujet de l'Homosexualité fait toujours autant couler d'encre. Je suis convaincu qu'il ne cessera pas. Je l'espère mais je suis de moins en moins optimiste, en tout cas, dans un certain contexte.
Je me suis rendu compte, comme beaucoup de personnes, de la triste vague d'homophobie qui fait des ravages çà et là dans plusieurs pays d'Afrique. Ce n'est pas nouveau me direz-vous, ça je le sais. Mais cela n'en est pas moins triste à mes yeux. Nous sommes encore dans une pandémie qui a fait des millions de morts à travers le monde et l'Afrique n'a pas été épargnée, nous sommes encore en train de subir de plein fouet les effets néfastes de ce virus, tant sur le plan économique, social que moral, nous sommes encore en train de vivre 1001 difficultés qui nous plombent notre avancée, et je ne comprends pas que ce sujet-là soit la priorité de certains. À quel moment avons-nous décidé que l'intimité des adultes consentants doit être notre premier problème, ce vers quoi nous devons déchainer toute notre énergie et notre haine ? À quel moment cela est justifiable de faire preuve d'ignorance voulue et de masquer ses frustrations sur le coup d'une homophobie qu'on ne saurait expliquer que par des raisons aussi discutables les unes que les autres?
Le point culminant de ma colère est une suite d'évènements qui se sont déroulés, il y a quelques mois. Nombreux sont ceux et celles qui connaissent "Shakiro", qui se définit comme étant "transgenre" sur les réseaux sociaux, depuis un certain moment. Shakiro nous a (pour beaucoup) fait passer par des moments de rire avec sa fameuse phrase "c'est pas les lolettes mamaaannn". J'entends sa voix rien qu'en écrivant ces mots. Elle (à moins que je me trompe et désolé d'avance, Shakiro s'identifie comme une femme donc je dirai 'elle') a eu par la suite de nombreuses vidéos qui ont fait le tour des réseaux sociaux, certaines drôles, d'autres moins, ou alors, simplement controversées. Tout dépend de l'angle que l'on choisit. Puis vint à un moment, les démêlés avec la justice. Puis le calme. Ensuite Shakiro revient sous le feu des projecteurs (comprendre ici réseaux sociaux une fois de plus). La presque même formule, de l'humour, de la provocation gentille, des moments plus ou moins viraux... et puis le couperet! Shakiro est une fois de plus au centre de soucis judiciaires. À la lecture de ce qui se passe, je me dis que cela ne sent pas bon mais je me dis aussi que comme la fois d'avant, ça passera. Sauf que cette fois-ci, Shakiro est représentée par une avocate de renommée internationale et qui est fière d'être défenseur des droits LGBTQ+, Me. Alice Nkom. Je me dis que cela doit en effet être un peu plus sérieux cette fois-ci.
Pour rappel, Shakiro, et son amie, Patricia, sont arrêtées dans la rue, pour "comportement à caractère homosexuel", je paraphrase. Mais vous avez bien lu car l'idée est là. Vous savez ce que ça veut dire? Non? Moi non plus. Je me demande ce qu'est un comportement à caractère homosexuel et qui a décidé que tel ou tel comportement revêt un caractère homosexuel. Dans ce cas ci, il s'agissait apparemment, des vêtements qu'elles portaient donc, du fait qu'elles ont été reconnues comme des hommes vêtues comme des femmes. Le verdict est donc clair (vous ne voyez pas?): comportement à caractère homosexuel. Avis aux femmes qui portent des costumes, des pantalons: votre comportement à caractère homosexuel risque d'être décrié et puni. Et malheur à vous si vous avez une attitude un tout petit peu masculine. Vous êtes prévenues.
Bref, malgré la défense assurée par leur avocate, elles sont condamnées au maximum que prévoit la loi: 5 ans d'emprisonnement et 200.000CFA d'amende. Le maximum. Inédit. Je précise que la provision de loi, punissant "l'homosexualité" mentionne une peine d'emprisonnement, allant de six mois à 5 ans pour ceux et celles qui se rendraient coupables de rapports sexuels avec des personnes de même sexe. Suivons donc la loi.
Le texte parle bien de rapports sexuels avec des personnes de même sexe. Il est clair. Alors, pourquoi Shakiro et Patricia ont-elles été arrêtées? Étaient-elles en train d'avoir des rapports sexuels au moment de l'arrestation? Non. Et leur cas n'est pas unique. Plusieurs affaires similaires ont déjà eu lieu. Des arrestations dans des discothèques ou bars, à "caractère homosexuel", des personnes victimes de campagnes de délation et autre... tout cela sans être prises sur le fait d'un rapport sexuel entre personnes de même sexe tel que le prévoit la loi. C'est triste, pour ne pas dire autre chose.
Ces arrestations sont très souvent célébrées par les masses, qui y voient là, un salut pour la société africaine, un rejet complet de l'Occident et de ses valeurs perverses, une consécration de la parole divine qui a promis aux flammes éternelles de l'enfer, tous les homosexuels. Ce qui serait apparemment le péché le plus grave selon les plus zélés, qui eux oublient tous les péchés qu'ils commettent au quotidien, et pour lesquels le Dieu qu'ils prient sera très sûrement plus clément. Car, après tout, comment pourrait-il dans toute Sa splendeur, intelligence et sagesse, punir de la même manière, des damnés homosexuels, et des personnes qui mentent et trichent sans vergogne, volent, tuent, convoitent les biens d'autrui, commettent sans répit l'adultère, l'inceste, le viol (incluant le viol incestueux), la calomnie et la délation, la haine du prochain et tout se qui s'ensuit, ont des rapports sexuels avec la femme ou le mari d'autrui (ne chante pas t-on d'ailleurs, que le mari d'autrui est sucré?), forniquent à tout va, blasphèment, font preuve d'hypocrisie, de colère, de méchanceté gratuite, d'actes de torture envers des enfants ou des personnes démunies, détournent des biens communs réservés au bien-être public, n'honorent pas leurs parents et encore moins le Dieu dont ils seraient les plus ardents commissaires, en l'appelant en vain à tout bout de champ? Non! Dieu n'est pas fou et Dieu ne peut pas punir au même titre des adultes consentants ayant des rapports sexuels entre personnes de même sexe dans leur intimité, comme Il punirait tous ceux que j'ai cités. Si vous voyez de l'ironie dans ce que je viens de dire, c'est parce qu'elle imprègne mes mots de manière volontaire.

Je passe sur l'affaire du Baileys, celle via laquelle un jeune homme a été condamné parce qu'il aurait commandé un verre de cette boisson que le juge a estimé féminine. Les femmes qui boivent du whisky sec, attention à vous. Je passe sur les affaires de personnes détenues de manière arbitraire et toujours en attente de jugement. Je mentionne avec tristesse l'affaire Eric Lembembé, militant de la cause homosexuelle assassiné en 2006, et dont le corps avait des marques claires de torture: langue tirée avec un tenaille, yeux crevés, les membres brisés, et des marques de brûlure causées par un fer à repasser utilisé sur son corps. Je tremble en écrivant ceci. De peine, de colère, de dégoût mais aussi d'impuissance. Je n'ai pas de doute sur le fait que ceux qui ont commis cet acte (une fois de plus célébré par de nombreuses personnes), sont allés à l'église le dimanche qui a suivi et ont prié Dieu. Car après tout, ils sont chargés de l'exécution de Ses paroles et l'enfer promis aux homosexuels devrait peut-être commencer sur terre. Qui sait? Je vais aussi mentionner avec une rage sourde, une affaire récente, qui s'est déroulé au Ghana. Une jeune femme, membre de la communauté LGBTQ+, s'identifiant comme lesbienne, aurait été droguée et violée par plusieurs hommes, qui par cet acte dont la monstruosité n'est pas à démontrer, auraient ainsi tenté de la délivrer des démons de l'homosexualité. La victime en a parlé sur les réseaux sociaux, en pleurs et en demandant de l'aide. Les commentaires qui ont suivi n'avaient rien à envier en termes d'horreur et d'abject, à l'acte qui avait été commis. Dans la quasi unanimité, il s'agissait d'applaudir les violeurs et de célébrer le crime posé car ils l'aidaient en effet à redevenir normale (comprendre, hétérosexuelle). J'en cite quelques-uns:
"que Dieu bénisse ceux qui ont fait cela et leur merveilleux travail. J'aurais souhaité qu'ils te violent pendant dix ans", "dis à tes partenaires lesbiennes de venir t'aider", "la prochaine fois tu vas arrêter d'être lesbienne". Je m'arrête là pour les atrocités. Voilà où on en est.
S'il est bien par ailleurs, une notion sur laquelle je ne prends quasiment plus la peine de discuter avec qui que ce soit, mis à part de brèves et rares occasions, c'est sur le fait que l'homosexualité est un choix: elle n'en est pas un. Tout comme ce n'est pas un choix d'être hétérosexuel, car on l'est tout simplement. L'homosexualité ne se copie pas, elle n'est pas héritée de parents car, les homosexuels dans ce cas hériteraient et copieraient l'hétérosexualité. Deux parents hétérosexuels ne font pas toujours des enfants qui ont la même orientation qu'eux, et il en va de même pour un couple de même sexe qui adopterait un enfant par exemple. Il ne deviendra pas homosexuel parce qu'il a deux parents gays. Cessons avec ce mythe dérisoire et dangereux. Le choix est de vivre son homosexualité librement, notamment dans un monde où il est difficile de l'être, en est un. Les prières et les sessions d'exorcisme pour chasser le démon de l'homosexualité, sont des tentatives non seulement vaines, mais dangereuses, qui placent les personnes impliquées, notamment les familles, dans des situations de faiblesse psychologique ayant des effets néfastes sur le tissu familial, tout en créant de faux espoirs de guérison. Et même si j'ai parlé de l'Afrique, l'Occident n'est pas en reste. La dépénalisation de l'homosexualité en Europe a pris du temps et l'accès à des droits tels que l'union civile, le mariage ou l'adoption pour les couples de même sexe, n'a eu lieu que plus tard encore. On se souvient des réactions vives créées par la loi sur le Mariage Pour Tous en France en 2013. Aujourd'hui encore, il y a des relents de la part de groupuscules qui souhaiteraient revenir sur ces droits. On parle bien de l'accès à des droits fondamentaux à une partie de la population, sans enlever ces droits à celle qui en jouissait déjà. L'égalité produit définitivement une sensation d'oppression chez ceux et celles qui ont bénéficié trop longtemps de privilèges, et qu'ils ont soudain peur de partager. Il n'ya pas que la France. Des exemples aux Etats-Unis il y en a, et c'est le pays qui a donné au monde entier Stonewall, d'où est partie la protestation qui a en quelque sorte débouché sur ce que nous connaissons aujourd'hui comme étant la Gay Pride, ou la Marche des Fiertés, dont le mois de Juin lui est désormais dédié. C'est aussi le pays du "Don't ask, don't tell", où les personnes qui servent dans l'armée pendant des années, ne pouvaient pas mentionner leur orientation sexuelle. Cette loi n'a été abolie qu'il y a à peine dix ans. C'est dire. En ce qui concerne l'Union Européenne, les droits LGBTQ+ ont connu des avancées majeures il est vrai, et même si le chemin est encore semé d'embûches, les avancées sont là: mariage, adoption, droit de servir dans l'armée, loi contre les discriminations notamment à l'embauche, loi contre les crimes haineux. Certains pays en Afrique aussi avancent. Petit à petit, mais ils le font. Un des plus récents exemples est le Gabon, qui a passé une loi pour dépénaliser l'homosexualité. Le pays ne s'est pas effondré depuis et les abîmes de l'enfer n'ont à ce jour, toujours pas surgi pour dévorer le pays. Il est en de même du Mozambique, qui depuis 2014, a dépénalisé l'homosexualité. Si ces deux pays ont sûrement d'autres problèmes comme toutes les autres Nations de l'ère moderne, ce changement de statut n'a pas appauvri le pays, fait cesser l'entrée de capitaux étrangers, provoqué la hausse des impôts, ou transformé les mentalités en faisant "dévier" les citoyens vers le côté obscur de la force. Je suis prêt à parier que nombreux d'entre vous qui allez lire ces lignes, ne le savaient pas, et qu'encore un plus grand nombre de personnes notamment chez les pus homophobes, ne le savent pas non plus. Et pourtant on en est là. Que dire alors de l'Afrique du Sud, où les personnes de même sexe sont autorisées à se marier? Il a sur ce point, été plus en avance que la plupart des pays occidentaux et une fois de plus, s'il doit faire face à de nombreux autres problèmes, l'accès à ces droits n'a pas détérioré la situation du pays mais a plutôt donné à une partie de la population, un sentiment d'appartenance et donc de fierté.
La vague d'homophobie puante actuelle dans plusieurs pays reste pour le moins inquiétante. Il s'agit à tout prix de "casser du pédé", de préserver nos valeurs africaines, et j'ai du mal à placer les valeurs africaines dont on parle dans ce contexte. Que quelqu'un m'aide car je suis toujours prêt à apprendre et j'aimerais comprendre de quelles valeurs africaines on parle, dans un continent de 54 pays et de centaines et centaines d'ethnies, de cultures différentes, du Sud au Nord. Il s'agirait aussi de préserver la parole de Dieu et a sauver l'humanité de la dérive homosexuelle. De rejeter avec la plus grande véhémence cette tare que l'Occident nous a emmenée et que Dieu ne saurait tolérer. Le Dieu d'Israël. Je tiens à rappeler ici qu'une des plus importantes capitales de la Gay Pride, des droits LGBTQ+, est... roulement de tambours...Tel-Aviv, en Israël. Oui, ce Dieu d'Israël là, serait clément dans cette région du monde, mais pas en Afrique. Ok. En Israël Il permet aux Homosexuels d'adopter des enfants, de changer de genre, d'avoir recours à la PMA, la GPA, d'être bénéficiaires de la Loi du Retour, et j'en passe. C'est à n'y rien comprendre.
Le même Occident qui a foulé le Continent avec ses missionnaires et qui se sont servis de la même religion héritée (à force de coups de fouet, de destruction de nos coutumes ancestrales, d'assimilation forcée, d'éradication de notre passé et de l'implantation dans les coeurs et les esprits de nos ancêtres, d'une auto-détestation de ce qu'ils avaient jusque-là connu), cet Occident-là qu'on condamne parce qu'il a dépénalisé l'homosexualité et accordé des droits humains aux personnes LGBTQ+ (même s'il y a encore du chemin à faire), mais dont on célèbre la religion qui a participé à un esclavagisme plusieurs fois séculaire et dont l'Afrique a été le terrain de jeu par excellence? Incongruité, quand tu nous tiens. Ne nous lâche pas s'il te plaît, au risque que nous commencions à être raisonnables.
L'homophobie à tout prix, au point de justifier l'injustifiable, de tolérer l'intolérable. Je vais faire volontairement abstraction dans ces lignes que je couche ici, des raccourcis bêtement faciles qui sont établis entre l'homosexualité et d'autres actes ou pratiques. Nous n'aurons pas assez de temps. Mais l'homophobie à tout prix. Au point de célébrer une justice injuste, qui n'applique pas les lois comme il se doit mais selon le bon vouloir de ceux qui sont censés la préserver. Une justice injuste ne sert personne. Retenons-le. Et son injustice ne se limitera pas à un seul pan de ce que la société peut décrier. Les célébrations d'aujourd'hui seront les lamentations de demain car, des applaudissements d'un système qui broie des Shakiro, des Eric, des Patricia, des garçons au Baileys, il faut retenir aussi que la même justice à deux vitesses peut s'appliquer à un cas d'héritage, de litige foncier, commercial, de divorce et bien d'autres cas. Que ceux et celles qui glorifient aujourd'hui une justice injuste parce qu'elle répond à leurs bas instincts homophobes, ne décrient pas demain cette même injustice qui s'appliquera dans chacun des cas cités plus haut, et dans bien d'autres. Nous vivrons et verrons. De plus, il est important de mentionner que bien que la loi, soit la loi, certaines lois - et l'histoire nous l'a prouvé -, ont été des outils d'oppression plus que de préservation des intérêts de la société. Je n'ai pas à rappeler que l'Apartheid était un système légal. De même que l'esclavage et la traite négrière. Je n'ai pas à mentionner que le droit de vote n'était réservé dans certaines parties du monde qu'à des populations blanches et masculines. Que même les Femmes Blanches n'avaient pas le droit de voter. Il a fallu se battre pour leur droit à participer au processus démocratique, et de même pour les populations noires. Je n'ai pas à rappeler qu'aux Etats-Unis deux personnes, noire et blanche ne pouvaient pas se marier et que des affaires comme Loving c/ l'Etat de Virginie ont été un tournant dans le droit pour les couples mixtes de se marier. Dois-je dire qu'il existe encore des pays où les femmes n'ont pas le droit de conduire? Dois-je mentionner qu'il a fallu se battre pour que les femmes puissent ouvrir un compte en banque sans avoir l'aval de leurs époux? Ou bien accéder à certaines fonctions sans l'accord préalable de ces derniers? Dois-je mentionner le colonialisme à travers l'Afrique et le système meurtrier et destructeur qu'il a été et qui pourtant était légal? Alors, cessons un tout petit peu d'avoir la mémoire courte et faisons l'effort d'utiliser la raison dont on est censés être les possesseurs. Faisons un peu preuve de bon sens, même s'il semble vrai qu'il n'est pas si bien partagé que ça. Faisons néanmoins un effort.
L'homophobie à tout prix mais à quel prix? Au point d'oublier tous les maux qui nous minent collectivement dont la mauvaise gouvernance, qui est probablement un des plus importants? Celle qui depuis des décennies plonge le Continent dans une obscurité perpétuelle? Des milliards et des milliards détournés. Pas ou peu d'écoles construites et un accès à l'éducation de plus en plus restreint. Un système de santé qui ne demande qu'à être amélioré et des hôpitaux qui se transforment en mouroirs. Des routes inexistantes dans des grandes capitales pourtant "cosmopolites", et qui rendent ainsi difficile le transport des biens et des personnes, et décuple le manque à gagner. L'insécurité dans les villes, qui est de plus en plus accrue. La croissance à l'arrêt pour certains, et ralentie pour d'autres. Mais il faut à tout prix nous sortir de cette gangrène occidentale qu'est l'homosexualité qui serait soit la cause de tous nos problèmes, ou du moins, la nécessaire problématique dont il faut s'occuper, souvent en tuant de manière arbitraire, des citoyens (par leurs propres frères et soeurs), qui ne demandent qu'à vivre leur sexualité, leur intimité et leur amour dans le respect. L'homophobie à tout prix, au point de se transformer en monstres qui justifient les actes les plus monstrueux sous couvert de mission divine et chrétienne, en oubliant qu'un des commandements les plus importants de ce Jésus qu'ils disent prier est d'aimer son prochain comme soi-même et de pardonner? Surtout que seul Son père est juge et pas les hommes? L'homophobie au point de renier notre humanité et de se complaire dans la cruauté? Cette homophobie là? L'homophobie à tout prix en effet, mais à quel prix?
Crédits photos
Image 1 - Reuters
Image 2 - AP/Photo
Texte très intéressant, j'ai apprécié qu'il questionne à la fois l'humanité des uns, la logique des autres avec en filigrane le raisonnement juridique fragile soutendant la répression de l'homosexualité au Cameroun.
Précisément sur l'article 347 bis du code pénal camerounais, il faut bien signaler que l'objet dudit article est "les rapports sexuels avec une personne de son sexe" or les cas de poursuite le sont très souvent pour homosexualité (qui n'est pas définie dans le code pénal). Je ne vais pas disserter sur la différence entre genre, sexe et identité mais dire que sur un plan purement juridique, les poursuites (pour tentative d'homosexualité dans le cas de Shakiro) qui ont eu lieu au Cameroun dans les cas soulevés dans le…